Dans un entretien accordé à Bleacher Report, Nate Robinson, en NBA entre 2005 et 2015, raconte comment sa carrière dans la ligue américaine l’a fait tomber dans la dépression. Il explique notamment comment sa personnalité fantasque a poussé ses coachs Larry Brown et Tom Thibaudeau à le forcer à être un autre homme.

Nate Robinson, meneur talentueux passé par les Knicks, les Celtics ou encore les Nuggets, a passé plus de dix ans de sa vie dans la peau d’un autre. C’est ce qu’il détaille dans un entretien accompagné de témoignages d’anciens coéquipiers. Si Robinson reconnaît volontier avoir été « immature », « un gamin » qu’il manquait de concentration aussi, il charge également ses coachs. Tous ont voulu le forcer à changer qui il était :

« Les entraîneurs ne cessaient de lui dire qu’il avait besoin de changer, et il ne comprenait pas comment faire. Il se sentait perdu. Confus. Profondément triste. C’était un tel fardeau qu’il n’a dit ni à ses coéquipiers ni à ses amis qu’il avait commencé une thérapie, au début. »

Pendant la saison 2012-13, Robinson porte Chicago à la victoire après une triple-prolongation lors du Game 4 contre Brooklyn. Il rêvait de terminer sa carrière aux Bulls, mais les tensions avec Tom Thibodeau sont devenues trop fortes. Le fond du problème était encore disciplinaire. C’était toujours comme ça : Robinson faisait des blagues aux coéquipiers, jouait trop à l’instinct, ne faisait pas l’extra-pass de Larry Brown, aux Knicks… Lors de sa première année en NBA, coach Brown l’appelait apparemment quotidiennement « petite merde ». Un jour, où Robinson était dans le bureau du coach, le joueur pleurait, suppliant son coach d’arrêter de le dénigrer. Nate Robinson raconte que le coach est sorti dire à toute l’équipe que « la petite merde » était en train de pleurer dans son bureau. Des allégations que Larry Brown ne confirme ni n’infirme, mais qu’il dit regretter si elles sont exactes.

Le dossier de Bleacher Report est édifiant sur la façon dont la personnalité d’un joueur peut gâcher sa carrière, tout comme son entourage. Nate Robinson tentera encore de réintégrer la NBA cet été, après un passage en Israël et au Venezuela. Même si ses années en NBA, sont un très douloureux souvenir :

« La NBA m’a donné ma dépression. Je n’ai jamais été une personne déprimée, de toute ma vie. (…) Personne ne comprendrait vraiment les véritables tiraillements contre lesquels j’ai dû me battre pour être quelqu’un que je n’étais pas. Ce n’est pas le basket-ball, pas les entraînements. Ce ne sont pas mes enfants. La chose la plus difficile de mes 34 années d’existence, ça a été de gérer ces 11 années en NBA, à essayer d’être celui que mes coachs voulaient que je sois. »

Robinson n’est pas le premier à avouer souffrir de dépression en NBA, et les langues se délient depuis quelques mois. Les sportifs de haut niveau sont souvent sujets à des problèmes d’ordre psychologiques.

Damien Orsat

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